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LES MÂCHOIRES DE L'ABÎME
LES MÂCHOIRES DE L'ABÎME Imprimer
Écrit par Jaffar   
Mardi, 15 Mars 2011 14:12

La morsure de Sekolah.

Suite à la destruction du temple de Kiaransalee et à leur retour dans les Vaux, plusieurs des membres des Ecus de Fortune décidèrent de venir en aide à Nîrden bloqué sur le plan extérieur de Jotunheim. De plus, ils envisageaient sereinement de rémunérer grassement un prêtre afin de faire réintégrer à Bolak le monde des vivants.

Concernant cette possibilité, Frère Talbert proposa à ses compagnons de se rendre à Eauprofonde la cité des splendeurs afin de solliciter l'aide de la  Très Radiant Ghentilara aux Flèches du matin, qui serait capable d'un tel miracle. Une fois la décision arrêtée et plusieurs jours de repos  dans leurs familles respectives, les membres de la compagnie se téléportèrent à Eauprofonde.

C'est donc dans la zone de téléportation proposée par l'Ordre Vigilant des Mages que les aventuriers arrivèrent dans la plus célèbre des cités d'occident. Passé le premier temps d'émerveillement, les compagnons rallièrent le temple de Lathandre, gigantesque édifice baroque débordant d'opulence. Lord Talbert de Goenoc y fut accueilli comme un membre d'importance et se fut sans grande difficulté qu'il obtînt une entrevue avec la Dame du Levant Ghentilara. Le paladin exposa avec enthousiasme la quête qui avait abouti à l'anéantissement du temple de Kiaransalee. Il souligna fort habilement le rôle joué par Bolak Ironfist dans la chute de la prêtresse impie et de son clergé maudit, avant de déposer une requête visant à invoquer un miracle de résurrection.

Dame Ghentilara, bien que reconnaissant les mérites de Bolak, expliqua que pour des raisons politiques elle ne pouvait recourir à un tel sortilège pour un étranger n'ayant pas oeuvrer pour le bien de la cité et la grandeur de Lathandre à Eauprofonde. Cependant, en égard à Talbert, elle évoqua la possibilité pour les Ecus de régler une affaire pour le compte du temple et de la cité. Plusieurs navires de pêcheurs avaient disparu au nord d'Eauprofonde dans les dernières semaines, et l'Ordre de la Conscience Solaire s'était engagé à élucider l'affaire. Cet ordre, bien qu'officiellement associée aux disciples de Lathandre, s'était tourné vers une hérésie qui risquait de provoquer une véritable schisme entre les trois branches de l'Eglise du Seigneur de l'Aube. Afin de limiter son influence grandissante et de le discréditer aux yeux des aquafondais, les aventuriers devaient résoudre le mystère des disparitions avant les mercenaires engagés par l'Ordre de la Conscience Solaire. Cela fait, Dame Ghentilara pourrait invoquer le miracle de Résurrection pour un brave héros s'étant sacrifié pour la cité.

L'accord fut conclu et les compagnons passèrent le reste de la journée à revendre des objets magiques afin d'acquérir une gemme de grande pureté, nécessaire à l'accomplissement du miracle. En fin de journée, Talbert avait réuni tout un ensemble d'informations fournies par les agents de Lathandre. Cela permit aux aventuriers de circonscrire une zone de recherche à plusieurs lieux au nord d'Eauprofonde. Dans un premier temps, un bateau fut loué et la zone explorée en priant pour qu'Umberlee fut clémente. Pour parfaite l'illusion du sacrifice d'un nain, Dorothée s'entoura d'un voile d'illusion qui lui donnait un aspect proche du regretté Bolak, et s'est ainsi parée qu'elle s'embarqua pour l'aventure.

Le temple des sahuagins.

1er Eléasias 1371, au nord d'Eauprofonde.

La mise à disposition d'une petite embarcation permit à Lord Talbert de faire montre de ses talents de navigateur acquis dans sa prime jeunesse. Sous son habile direction, le petit navire de pêche pris rapidement le large et se rendit sur les lieux des dernières disparitions. Après quelques heures de cabotage, non loin des côtes, Astryax distingua un ensemble de grottes à demi-immergées qui s'ouvraient dans les parois rocheuses. Plusieurs débris d'embarcations laissaient à penser aux compagnons qu'ils étaient sur la bonne piste. Après avoir invoqué un sort de lumière, le petit caboteur s'engagea sous les sombres voutes de la caverne. Cette dernière se révéla extrêmement vaste, la lumière magique ne perçant que difficilement les oppressantes ténèbres qui semblaient vouloir aspirer le navire et ses occupants.

Soudain, dans le halo vacillant du sortilège apparut un ilot rocheux et stérile en pente douce, dominé par une construction géométrique à l'aspect inquiétant. Après un rapide conciliabule, il fut décidé d'y échouer le navire afin de procéder à une exploration en règle.

Le bruit du ressac couvrait les pas de Talbert qui, le premier, mit le pied sur la grève. Au centre de l'îlot rocheux, se dressait un bâtiment fait de blocs de granit, décoré de sculptures de poissons, de requins et d'hommes-poissons. Les ombres générées par le sort de Lumière d'Astryax les dotaient d'un simulacre de vie sinistre.

Talbert fit signe à ses compagnons de débarquer. Astryax s'avança vers le bâtiment tandis que Dorothée invoquait un sort de Vol et que Katana se positionnait en couverture. L'ensemble qui se dressait devant les Ecus de Fortune formait un grand cube auquel était rattaché un bâtiment carré plus modeste à un coin. L'entrée, une porte de pierre flanquée de statues d'hommes-poissons, était située dans ce carré plus petit, et faisait face à l'entrée de la caverne marine.

- des sahuagins, souffla Astryax après avoir examiné les statues. Voilà qui éclaire d'un jour nouveau les disparitions de pêcheurs.

Laissant ses doigts courir sur la surface de la porte, l'habile roublard découvrit le système d'ouverture. Il se garda cependant de l'activer préférant recourir à un sort de détection de la magie afin de localiser des pièges éventuels. Bien lui en pris car un halo bleu trahit la présence d'un enchantement. Ce dernier se révéla trop complexe pour être contourner et Dorothée du recourir à plusieurs dissipations pour en venir à bout.

Talbert pris la tête du groupe et pénétra dans l'étrange édifice. Les traces d'humidité étaient partout et traduisaient le fait que l'endroit était immergé lors des marées hautes. Le paladin et ses compagnons mirent le pieds dans une petite pièce dotée d'une autre porte, permettant sans doute de pénétrer plus avant dans le bâtiment. Face à l'entrée se tenait une statue d'homme-requin dont la tête touchait presque le plafond haut de 3 mètres. Ses traits étaient bien plus cruels que ceux des sculptures extérieures: sa gueule laissaient dépasser ses crocs, et son dos était orné d'un large aileron. Il tenait un trident sur lequel était empalé une série de crânes humanoïdes. La mosaïque du sol, composée de fragments bleus et verts, formait des images malsaines du fond des océans.

- il s'agit d'une représentation de Sekolah, le cruel dieu requin des sahuagins énonça Dorothée.
- trop grand pour mon cabinet de curiosité lui rétorqua Astryax un sourire aux lèvres.

Alors que les deux complices discutaient art, Talbert s'était avancé au-delà de la seconde porte. La mosaïque de l'entrée se poursuivait dans cette nouvelle portion de l'inquiétant complexe, mais pour dépeindre avec un réalisme impressionnant une créature semblable à un calmar. La représentation de la bête recouvrait la majeur partie de cette pièce de forme irrégulière, ses huit tentacules serpentant aux coins. Près de l'oeil de la bête, on trouvait deux larges portes ornées de sculptures d'hommes-poissons. Deux des portes de la pièce se trouvaient chacune près d'un groupe de tentacules, tandis que la quatrième se situait vers le haut du corps de la créature.

L'un des portes s'ouvrit à la volée, livrant le passage à deux guerriers sahuagins. Les deux gardes du temples, vêtus de cuirasse en peau de requin, maniaient de longue pique à lame dentelée. En guise de casque, ils portaient les crânes de quelque créature aquatique inconnu et, ils se protégeait des attaques derrière un bouclier en carapace de tortue.

Sans même penser stratégie, Talbert se rua sur les deux monstres et pris l'ascendant sur le premier. Le second n'eut guère le loisir de se porter contre le paladin. Katana et Astryax le prirent habilement en tenaille. Alors que les deux sahuagins allaient périr, un nouvel adversaire entra en lice. Sa tenue, faite de colifichets, et de gris-gris, le désignait à l'évidence comme un religieux. Il invoqua plusieurs sorts de blessures sur les humains, mais d'un habile revers de la lame, Talbert lui infligea une vilaine blessure. Le sahuagin ne demanda pas son reste et tourna les talons; c'était sans compter  sur Astryax. Le roublard glissa entre les combattants et se retrouva bientôt derrière le prêtre qu'il égorgea promptement.

La bataille pris fin faute de combattants. Conscient de la nécessité de rentabiliser leurs actions et du besoin vital de liquidité pour mener les opérations relatives à la résurrection de Bolak et au sauvetage de Nîrden, Astryax entreprit de fouiller les corps en recourant à un sort de détection de la magie.

 

 

Tentacules et eau noire.

Alors que le roublard dépouillait les corps sans vie des autochtones, un sinistre bruit retentit à l'extérieur. Redoutant le pire Talbert s'élança et jaillit hors du temple juste à temps pour voir l'embarcation du groupe, disloquée, disparaître sous les flots. Plusieurs immenses tentacules vert pâle, qui fouettaient l'air autour de la carcasse, cinglèrent en direction des compagnons sans pour autant les atteindre.

Quelques secondes plus tard, l'eau avait repris son calme apparent et ne fussent les invectives de Talbert, imprudemment avancé dans les flots, rien n'aurait trahi ce qui venait de se produire.

- un kraken, c'était un kraken balbutia Dorothée quelque peu secouée.

Katana leva un sourcil d'un oeil interrogateur. Dorothée poursuivit donc son explication comme elle le ferait à un enfant:

- Il s'agit d'un monstre de très grande taille et doté de nombreux tentacules. Dans ses rencontres avec l'homme, il est réputé capable de se saisir de la coque d'un navire pour le faire chavirer, faisant ainsi couler ses marins, qui sont parfois dévorés.
- Voilà qui n'augure rien de bon souligna Astryax.
- Tu parles de Talbert ou du Kraken ?
- Des deux Dorothée, des deux soupira le baron en regardant Talbert lancer mille défis aux eaux noires.

Privés d'embarcation, les compagnons s'en retournèrent dans le temple et eurent la désagréable surprise d'être assaillis par de nouveaux adversaires sahuagins. Un prêtre et deux guerriers avaient pris pieds dans le temple via un bassin sacré. Le combat fut rapide et sanglant et les Ecus de Fortune commencèrent à prendre conscience du sens tactique de leurs ennemis: la mission n'allait pas être si simple que cela. Et cela d'autant plus que le prêtre était parvenu à s'enfuir via un bassin débouchant dans la Mer des Epées.

La malveillance de Sekolah s'exprimait même à travers les fresques qui couvraient certaines sections de son temple. Gambaccorta et Talbert en subirent les conséquences. En effet, l'une des représentations du prédateur ultime fit vaciller la raison des deux aventuriers qui furent plonger dans un état d'aliénation mentale durant plus d'une heure. Cependant, Tymora devait veiller sur eux car nul sahuagin ne remonta des abysses pour les assaillir.

Après s'être concertés, les compagnons résolurent de s'aventurer sous les flots. Recourant aux potions de respiration aquatique offertes par Ghentilara, ils plongèrent les uns derrières les autres dans les eaux glacées. Seul Astryax n'eut pas recours à une potion car il était l'heureux propriétaire d'un casque de respiration aquatique de facture Kuo-Toa.

Profondeurs océanes.

1er Eléasias 1371, 20 mètres sous les flots. (Séance du 16 mai 2011)

Plongeant dans les eaux glacées de la Mer des Epées, les compagnons subirent l'assaut du froid  des profondeurs océanes. Ils s'enfoncèrent longuement sous les flots  avant d'atteindre le fond. Ce dernier était couvert d'un épais limon. A des intervalles réguliers, ils pouvaient voir de vastes colonies d'éponges, certaines de quatre mètres de diamètres, émettant une lueur verdâtre. De fait, la visibilité restait correcte malgré la profondeur.

La curiosité d'Astryax faillit lui coûter plus que de la vie. Attiré par l'aspect douceâtre des éponges, il entreprit d'en toucher une. Mal lui en pris, car un filament jaillit brusquement de la plante et cingla dans sa direction. Son contact tétanisa le cormyrien l'entraînant vers un sort pire que la mort. La vaillante Katana sauva son seigneur de quelques coups de lame bien portées.

Dorothée morigéna le baron pour son inconscience. Elle expliqua que sous cette apparence d'éponge se cachait une redoutable entité végétale : la dévoreuse des âmes. Cette créature se nourrissait des âmes des êtres intelligents et pouvait attendre plusieurs siècles entre chaque repas. Selon les légendes, ces plantes ne poussaient que dans le Fleuve de Sang des Abîmes du Destin. Leurs présences sur le plan matériel augurait de la présence d'un puissant serviteur de Sekolah.

Comme pour appuyer les dires de la magicienne, le kraken surgit des nuées liquides pour lancer un assaut sur les intrus. Dardant ses tentacules géants, la bête tenta d'agripper Talbert, mais le sort de Liberté de Mouvement qui affectait le paladin l'en empêcha. La riposte rapide des aventuriers provoqua la fuite du monstre dans un nuage d'encre noire. Pour seule trace de son passage, un tentacule géant gisait sur le fond marin ,aux pieds de Katana.

Reprenant leur périple, les compagnons parcoururent encore plusieurs centaines de mètres sur la plaine sous-marine avant que celle-ci ne s'acheva soudainement sur les mystérieuses profondeurs d'un abîme. C'était une vaste faille courant sur des kilomètres au fond de la Mer des Epées. Son fond se perdait dans les ténèbres. En examinant la zone, Talbert repéra un étrange bâtiment, construit sur une saillie surplombant l'abîme. Talbert ouvrit la marche à ses compagnons dans une descente malaisée.

 

 

Le temple de Sekolah.

1er Eléasias 1371, sous les flots. (Séance du 16 mai 2011)

Le temple ressemblait à une gigantesque gemme à huit faces, irradiant une lueur verdâtre. Aucune entrée n’était visible sur ses surfaces lisses. Comble de l’horreur, le bâtiment semblait agir comme une prison, renfermant dans ses murs de cristal  des corps de malheureux attendant quelque immonde supplice.

Tendant la main, le baron toucha l’une des parois et eut un bref contact avec une entité diabolique qui tenta de le repousser. Astryax en déduisit que pour pénétrer dans l’étrange bâtiment, il fallait s’enfoncer dans la parois même. Après un rapide conciliabule, le ménestrel s’engagea dans la masse du temple qui se révéla gélatineuse et glaciale. Alors qu’il progressait, il repoussa un second assaut mental et pénétra dans le  temple.

Le temple de Sekolah était bizarre et chaotique car bien que fermé, il restait perméable à l’eau de mer. De ce fait, il était rempli d’eau, rendant indispensable l’usage d’un sort des respiration aquatique. La lueur verdâtre, visible de l’extérieur, était aussi présente mais aucune source n'était identifiable.

Examinant son environnement, Astryax découvrit une vaste salle octogonale, exclusivement faite de la même gemme verdâtre qui composait l’extérieur du bâtiment. Sur les murs nord et sud, il pouvait voir deux ouvertures jaune et brillantes qui n’étaient pas sans évoquer de monstrueux vagins dotés de dents de requin.

Mais ce qui retint l’attention de l’aventurier était un dais couvert de sinistres motifs de squales. Sur ce piédestal reposait  une abomination sans nom. La créature possédait un corps de pieuvre tentaculaire surmonté d’une tête humaine boursouflée et cadavérique. Ses yeux était ronds et sans paupière alors que sa bouche contenait plusieurs rangées de dents aiguisées comme des rasoirs. Attendant à ses côtés se tenaient un prêtre sahuagin ainsi que deux impressionnants hommes-requins.

La créature réserva un accueil courtois à Astryax et semblait prête à discuter. C'est à cet instant que Talbert franchit à son tour la muraille irisée. Embrassant la scène, le paladin la jugea à l’aune de ses préceptes moraux et sa voix claqua dure comme l’acier :

- vile créature, quitte cet endroit et rejoins les abysses qui t’ont engendrée et tu auras la vie sauve. Dans le cas contraire, la sainte lumière de l’Aster s’abattra sur toi !

Après une telle entrée en matière, l'affrontement était inévitable. Tout en ordonnant  à ses séides d'exterminer les hérétiques, l'homme-pieuvre se retira derrière l'un des portails. Bien qu'inférieur en nombre, le prêtre sahuagin et les guerriers requins se révélèrent de redoutables adversaires, usant avec intelligence de leur maîtrise du milieu aquatique. Soutenus par le prêtre de Sekolah, les hommes-requins s'évertuèrent à éliminer les lanceurs de sorts.

Prise en tenaille par les requins, Dorothée usa de multiples sorts de défense sans grand succès. Comprenant que le salut était dans la fuite, elle invoqua une porte dimensionnelle, mais le sort de translation fut bloqué par quelque maléfice inconnu. La magicienne halfelin ne dut la vie qu'à l'intervention de Talbert. Le Frère Templier de l'Aster prit la jeune mage contre lui afin de l'extraire de l'étreinte mortel des squales humanoïdes.

De leur côté, Katana et Astryax eurent à faire à forte partie contre le prêtre de Sekolah. Cependant, le globe d'invulnérabilité partielle qui entourait Astryax fit son office et contraignit le sahuagin à s'approcher. Mal lui en pris et il fut promptement abattu par Katana. Privés de leur prêtre, les guerriers requin se laissèrent aller à leur penchant sanglant. Se jetant sur Astryax afin de le dévorer, l'un des deux monstres fut enfin abattu tandis que le survivant faisait retraite dans l'un des portails.

 

Les mâchoires se referment.

1er Eléasias 1371, dans le temple gemme de Sekolah. (Séance du 31 mai 2011)

Avec le départ de l'étrange serviteur de Sekolah et la défaite de ses séides, la question de la poursuite de l'exploration se posait. Frère Talbert proposa de faire retraite afin de mieux se préparer à la prochaine confrontation, arguant du fait que ses compagnons et lui-même n'avaient réussi à vaincre qu'avec de grandes difficultés. Cependant, Astryax et Dorothée lui opposèrent l'idée que l'homme-poulpe avait probablement fui car il était incapable de faire face; de fait il était plus intéressant de le traquer avant qu'il n'ait le temps de regrouper de nouvelles forces. Katana, toujours partisane de l'action, fit pencher la balance.

Astryax franchit le seuil par lequel le serviteur du dieu requin s'était enfui. Selon le plan, il s'agissait d'une simple reconnaissance; mais ne le voyant pas revenir, ses compagnons s'engagèrent à leur tour dans l'ouverture.

En fait, le temple n'entendait pas se laisser violer par des créatures sans branchies. Chaque portail agissait comme un seuil de téléportation aléatoire, et les membres des Ecus de Fortune furent bientôt séparés les un des autres.

Talbert pénétra dans une chambre des rituels dominée par une statue de Sekolah qui serrait entre ses mains une perle renfermant des âmes. Voulant les libérer, il abattit Ossuaire mais la gemme se défendit absorbant une grande partie de l'essence du paladin. Ce dernier se résolut à fuir lorsqu'un gigantesque requin fiélon se matérialisa dans les eaux.

Katana passa, quant à elle, de salle en salle, tuant au passage quelques serviteurs mineurs avant de se retrouver dans le hall principal où Dorothée patientait après un bref aller-retour au travers d'un portail. La magicienne était plongée dans l'expectative. Comme dans un état second, elle se contenta d'invoquer des sortilèges mineurs lorsqu'un homme-requin pénétra dans la salle en compagnie de deux guerriers sahuagins. Ces derniers furent rapidement abattus par Katana, mais celle-ci ne put rien faire lorsqu'un squale géant referma  ses mâchoires sur son bras. Dorothée regarda, hébétée, le requin engloutir sa compagne avant de repartir à travers  e portail. Elle n'eut recours à aucun sortilège d'attaque, ni à ses baguettes de projectiles magiques ou d'orbes soniques pour secourir la demi-orque.

Pendant ce temps, Astryax s'était matérialisé dans les quartiers privés du seigneur des lieux. C'était une vaste pièce ne contenant presque aucun mobilier ou décoration. Reposant sur le sol, près de l'un des murs, on pouvait voir une masse palpitante de tentacules entourée d'un rideau vivant de varech pendant du plafond. Cette chose repoussante n'était en fait que le lit de l'homme-poulpe. Un grand miroir était pendu juste à côté. Il était surmonté d'une représentation de Sekolah dont les mâchoires formaient l'encadrement du miroir. Il atteignait une hauteur de 4 mètres pour une largeur presque identique.

Le terrifiant serviteur de Sekolah était présent mais, pour le plus grand malheur d'Astryax, il n'était pas seul. Un redoutable requin abyssal était présent pour protéger son maître, plus d'une tonne de muscles et de dents dont le seul objectif était de dévorer de l'aventurier. Astryax s'élança à travers la salle afin d'atteindre le portail situé à l'autre extrémité de pièce. Le requin-démon porta plusieurs attaques éclair contre le cormyrien qui, bien que blessé, parvint à atteindre son objectif.

Alors qu'Astryax s'apprêtait à fuir cet antichambre de l'abysse, Talbert apparut à l'opposé de sa position. Le paladin, chancelant, n'eut pas le loisir d'étudier son environnement que le squale démoniaque se jetait sur lui, lui arrachant de grands lambeaux de chair. Une lutte titanesque s'engagea entre l'homme et la bête sous le regard d'Astryax. Ce dernier résolut de rester pour aider son compagnon; il invoqua ses derniers projectiles magiques sur le monstre tout en gardant en vue le prêtre de Sekolah qui faisait mouvement.

Alors que l'immonde poulpe humain s'approchait, le baron se rendit compte que le corps de cette abominable créature était en mutation permanente. Une peur sans nom s'insinua dans l'esprit d'Astryax en réalisant qu'il affrontait peut être un monstre apparenté au terrible chaosien qui avait tué son ami Belloane durant l'année 1364 de la Vague. L'ironie dramatique de la situation n'échappa pas au baron. Terrifié à l'idée de devoir affronter pareil adversaire, Astryax se refusait pourtant à abandonner son ami. Le prêtre de Sekolah choisit pour lui en projetant un épais nuage d'encre qui dissimula Talbert. Sans repaire visuel et sans aucun sort, Astryax pris la fuite: il fallait prévenir les autorités d'Eauprofonde !

La chance sourit enfin  à l'aventurier. Le portail le conduisant dans le hall principal où il retrouva Dorothée toujours occupé à maintenir l'homme-requin dans les rais d'un sort de télèkinésie. Après que Dorothée ait annoncé au baron la mort de Katana, dévorée par un requin, Astryax proposa à l'halfeline de partir chercher du secours tandis qu'il irait affronter la mort aux côtés de Talbert. La magicienne, toujours indécise, oscillait entre le désir de rester et celui de partir. Devant son irrésolution, Astryax, bien que soupçonnant l'enchanteresse d'avoir encore des sorts en réserve, trancha: il partirait tous les deux et reviendraient avec des secours bien qu'il ne s'illusionna pas sur le destin de Talbert.

Victoire et mort dans les océans.

Au moment même où Astryax fuyait le temple en compagnie de Dorothée, le requin démon ayant englouti Katana se joignait à la curée contre le paladin. Cependant, le poisson géant eut un brusque soubresaut et recracha la guerrière demi-orque. Cette dernière, armée d'un couteau de chasse, s'était taillé un chemin dans l'estomac du monstre qui dut la régurgiter afin de survivre.

Le second requin, toujours aux prises avec le paladin, plongea dans une frénésie meurtrière en raison de tout le sang répandu. Ses mouvements moins précis et plus violents le conduisirent à sa perte. Il heurta avec violence l'un des murs et se retrouva sonné pour le compte. Talbert n'était pas homme à laisser passer pareille occasion: il lui enfonça sa lame dans le crâne avant de se tourner vers le céphalopode à tête humaine.

Pour palier à la perte de l'un de ses squales, ce dernier invoqua les morts vivants prisonniers de la structure même du temple. Cette action ne fit que renforcer la volonté de Talbert qui se rua sur lui. Cependant, entravé dans ses mouvements par l'élément liquide, il ne parvint pas à toucher son adversaire. Le prêtre cingla alors de tous ses tentacules lui transmettant la terrible affliction de l'instabilité corporelle.  Voyant le paladin au martyr, l'adepte du Grand Dévoreur commit l'erreur fatale d'oublier la présence de Katana.

La guerrière demi-orque se projeta brusquement en avant en brandissant sa lame à deux mains qu'elle abattit avec rage sur le crâne de son adversaire. Ce dernier explosa comme une courge sous l'impact de l'acier cormyrien. La mort de la créature brisa le lien mental qui lui permettait de contrôler ses séides.

Katana et Talbert en profitèrent pour tirer leur révérence. Hélas, la magie des portails toujours active les transporta dans la chambre de la Mer Morte. Cette salle avait déjà procurait un choc à tous les compagnons qui y avait pénétré. Elle était immense, au-delà de ce que les dimensions extérieures du temple donnaient à penser. Les murs et les plafonds se perdaient dans le lointain, la visibilité était obscurcie par une eau boueuse. Mais aussi loin que portait le regard, des milliers d'épaves de différentes nations et de différents mondes, couvraient le fond. Ce cimetière marin s'étendait dans toute la salle, ce n'était qu'un paysage de carcasses en décomposition et d'épaves.

Le pire était que chaque vaisseau avait conservé une partie de son équipage, à présent transformé en morts vivants, manquant tous de la plus élémentaire courtoisie.

Katana se tourna vers Talbert avec l'intention de lui dire de ne pas s'attarder ici.  Une peur sans nom la figea sur place: le fier paladin n'était plus qu'un amas de chair qui bouillonnait, mutait ou encore fondait comme de la cire chaude.Talbert hurlait sa douleur et sa détresse par divers orifices qui apparaissaient aléatoirement sur son corps. Katana recula d'un pas, prête à s'enfuir afin de ne pas se retrouver prise au piège entre le monstre qu'était devenu son ancien compagnon et les morts vivants qui se rapprochaient. Pour son malheur, elle se souvint que Talbert possédait une épée magique puissante. Son regard posa sur la lame qui gisait à quelques mètres de l'horrible chaosien. D'un geste vif, elle s'en saisit, scellant par là-même son destin.

Au contact de la demi-orque, Ossuaire s'éveilla. L'épée ne dévoilait ses pouvoirs qu'aux porteurs qu'elle jugeait digne, mais les conditions étaient exceptionnelles. L'armée de morts vivants présente dans les navires attisait sa soif de combat et elle imposa sa volonté à Katana. La guerrière poussa un puissant cri de guerre en avançant vers les zombies qui ne cessaient de se déverser des bâtiments coulés...

Retour à Eauprofonde.

Les deux survivants de la Compagnie des Ecus de Fortune se téléportèrent dans la zone de l'Ordre des Vigilants. Le Baron réclama ensuite l'assistance de la garde afin de rallier au plus vite le temple des Flèches du Matin de Lathandre.

Au vu de l'urgence de la situation, les deux compagnons obtinrent rapidement audience auprès de la Dame du Levant Ghentilara. le Seigneur Astryax expliqua en détail la situation à un concilium de prêtres de Lathandre, de Chevaliers de l'Aster mais aussi de moines de la Conscience solaire. A la fin de l'exposé du Baron, les religieux se retirèrent alors afin de délibérer sur la conduite à tenir. Après plusieurs heures de débats intensifs, la Dame du Levant, en accord avec le Maître du Soleil Anor Kichavo,  annonça qu'une expédition allait être montée afin de mettre fin à la menace que faisait peser le culte monstrueux de Sekolah. Cependant, l'océan relevant du domaine d'Umberlie, Ghentilara fît inviter le Trident Redoutable Méritid Arachneie.

C'était un homme dans la force de l'âge, au crâne rasé marqué de scarification évoquant un trident, qui se présenta aux portes du temple. En apprenant l'existence d'un temple du Grand  Dévoreur, non loin de la Baie d'Eauprofonde, Méritid entra dans une violente colère et jura de venger l'affront fait à sa déesse en déchaînant les monstres des abysses sur le lieu impie.

Ghentilara parvint à calmer suffisamment le Trident Terrifiant pour lui faire accepter l'idée d'un premier raid visant à secourir le Frère Talbert de Goenoc. Dans l'intervalle, un représentant des Seigneurs d'Eauprofonde se présenta au sanctuaire du Dieu du Renouveau. Il était porteur d'une missive précisant à la Dame du Levant que la cité mettait à sa disposition les troupes municipales de la communauté de Tharqualnaar, dont les membres surveillaient les dîmes d'Umberlie et qui avaient lutté contre l'armée d'Iakhovas en l'année du Gantelet, 1369 CV.

Le Baron de Valcroix et la Magicienne Gambacorta furent remerciés pour leur aide mais il leur fut préciser que leur présence n'était pas requise dans le cadre de cette opération. Ils pouvaient donc goûter à un repos bien mérité. Le Baron de Valcroix tenta bien d'imposer sa présence en arguant du fait que lui seul connaissait la position du temple, mais le Chevalier de L'Aube Haurier Ombrevive lui rappela sèchement qu'il n'agissait ici qu'au titre de mercenaire engagé par la Dame Du Levant et qu'il n'avait pas son mot à dire. Ses compagnons et lui-même avaient rempli en partie leur contrat mais désormais les instances aquafondaises reprenaient l'affaire en main.

Privés de la possibilité d'aider au sauvetage de leurs amis, Astryax et Dorothée se retirèrent dans une auberge, non loin des Tours de l'Aube. Deux jours s'écoulèrent sans qu'ils aient la moindre nouvelle de la part du temple de Lathandre. A l'aube du troisième jour, ils eurent l'agréable surprise de retrouver Talbert de Goenoc attablé, prêt à prendre un petit déjeuner en leur compagnie. Le paladin avait le teint blafard et semblait encore souffrir de maux plus mentaux que physiques. Pressé de questions, le paladin de l’Aster les éluda pour la plupart, les plaçant sous le sceau du secret exigé par son Ordre mais aussi par les Seigneurs Masqués d'Eauprofonde. Il rassura cependant ses compagnons en précisant que le nécessaire avait été fait et que la menace était levée. Il relata ensuite son affrontement avec l’odieux serviteur du Grand  Dévoreur et l’action d’éclat de Katana lorsqu’elle abattit le monstre. Il passa rapidement sur la terrifiante transformation dont il fut victime et sur les moyens mis en œuvre par l’Aster pour le secourir et le guérir. Il évoqua ensuite la domination de Katana par Ossuaire, son combat contre les morts-vivants jusqu’à l’intervention d’une sirène pour la soustraire au jugement de Jerghal. Talbert ignorait ce qu’il était advenu de la guerrière demi-orque car selon les membres de son Ordre, le temple coexistait sur plusieurs plans et le cimetière d’épaves ne se trouvait pas, à l’évidence, dans la baie d'Eauprofonde.

Talbert annonça aussi qu'il devait repartir pour le Cormyr afin d'assurer la défense du temple de Soirétoile, conformément aux ordres reçus. Il assura aux compagnons que l'Aster remplirait ses obligations à leur encontre et que Frère Bolak bénéficierait d'un miracle de résurrection. Répondant à une question d'Astryax, il confirma une nouvelle fois qu'il ne participerait pas à la mission visant à secourir Nîrden. Cependant, il précisa qu'il avait parlé de leur quête à ses supérieurs. Frère Haurier Ombrevive lui a ainsi appris qu'il avait connaissance de l'existence d'une communauté de géants de pierre dans la passe des Mille- Faces, le long de la frontière sauvage.

Quelques heures plus tard, à l'ombre d'une terrasse en bord de mer, devant un plateau de fruits de mer, Astryax et Dorothée s'interrogeaient sur la conduite à tenir...

6 Eléasias 1371, Eauprofonde.

L'auberge du Rayon Solaire se situait à un pâté de maison des Flèches du Matin, dans une petite venelle calme. Les deux compagnons y logeaient depuis leur retour des profondeurs océanes. Ses colombages noirs, son plâtre blanc éblouissant, ses tuiles rouges et son enseigne voyante qui se balançait au-dessus de la porte attiraient l'oeil du voyageur fatigué et l'invitaient à se reposer. Fatigué, c'était bien le mot qui convenait au baron Astryax attablé près de l'une des fenêtres donnant sur la rue. L'aubergiste Dustan apparut brusquement devant l'aventurier, portant un tranchoir garni de filets de poisson à la sauce au thym accompagnés d'un vin rouge des coteaux de Baldur's gate.

- Messire, votre repas .
- Merci Dustan, des nouvelles pour moi ?
- La boutique d'Halaster vous fait savoir qu'elle a trouvé preneur pour l'épée courte que vous avez mis en dépôt. Il vous attends afin de conclure la transaction.

Astryax hocha la tête et prit une lampée de vin. La vente de l'épée sanglante payerait l'achat de la gemme nécessaire au retour de Bolak. Cependant, le joailler avait été clair: la gemme ne serait disponible au mieux que dans deux semaines, ce qui réduisait d'autant les chances de survie de Nîrden.

Astryax soupira et espéra que Dorothée aurait des nouvelles de Katana. Son espoir fut douché quelques minutes plus tard. La jeune magicienne pénétra dans l'auberge et hocha la tête négativement dès que son regard accrocha celui du baron. L'Ordre de l'Aster avait pourtant mis à sa disposition les outils nécessaires à une divination efficace.

- Aucun trace d'elle. Soit elle a rejoint le domaine de Malar, soit elle est hors de portée de mes sortilèges. Je suis désolée... Tu n'as plus faim dit-elle en tirant à elle l'épaisse planche de bois sur laquelle le poisson finissait de refroidir.

La culpabilité et le remord nouèrent les tripes d'Astryax. Katana n'était venue que par fidélité à sa personne et non par amitié pour les nains. Cela devait être son ultime aventure, elle ignorait à quel point elle avait raison. Comment Gulgan prendrait t-il la nouvelle ? Lorsque la colère l'emportait, il était capable de tous les excès...

Dorothée réclama trois parts de tarte aux airelles pour conclure son troisième repas de la journée. La bouche pleine, elle évoqua le retour au Cormyr après le rappel à vie de Bolak. Une fois chez elle, elle tenterait un nouveau sort de divination pour localiser Nîrden mais elle ne cacha pas le peu d'espoir qu'elle avait de revoir le guerrier vivant: le plan des géants n'était pas fait pour les vivants et encore moins pour les nains. Avait-elle éludé la nécessité de faire bénir la baguette indispensable pour accéder au plan des géants volontairement. Astryax ne le pensait pas mais l'halfelin commençait aussi à réaliser que toute cette quête risquait encore de coûter la vie à plusieurs d'entre-eux et que s'aventurer dans la passe des Mille-Faces sans l'appui de solides combattants relevait plus du suicide que du courage.

Astryax soupira derechef et vida sa coupe avant de réclamer un nouveau pichet de vin. La tête lui tournait mais cela valait peut être mieux que de se torturer l'âme et l'esprit.

12 Eleint 1371, Valcroix en Cormyr.

Astryax était assis derrière l'imposante table de chêne dans la salle de réunion des Ecus de Fortune. Il avait l'impression d'être l'un des juger royaux pendant une séance d'Oyer and Termiter. La table avait été débarrassée et Astryax y avait étalé des morceaux de parchemin, une pierre ponce et une plume. Autour de la table, chaises et tabourets formés un demi-cercle destiné au conseil de la compagnie d'aventuriers. Bolak Ironfist, récemment revenu du royaumes des morts avait pris la place au centre. Astryax regarda ces puissants aventuriers, véritables héros à maints égards:  Dame Gambacorta, magicienne et Ménestrel; Richard Tyligane le ranger, l'oeil aux aguets et les lèvres pincées; Bolak Ironfist l'Alaghor de Clangeddin, au visage couturé de cicatrices; Kalanar Xyltin l'elfe de cuivre aux cheveux blonds comme les blés; et Gulgan le demi-ogre dominant tous les autres de sa carrure impressionnante.

- Bien, nous sommes tous là. La parole est à Dorothée. Elle doit nous faire part de bien tristes nouvelles.

La magicienne s'éclaircit la voix avant de commencer.

- Compagnons, nous savons tous que la vie d'aventuriers est bien incertaine et que la Dame d'Infortune ne se lasse pas de nous tendre des pièges. Il semblerait que cette fois, elle ait réussi à nous infliger un cruel destin. D'après mes dernières observations, il semblerait que nous ayons définitivement perdu la trace de deux nos compagnons: Dame Katana et Maître Nîrden.
Dans les deux cas, mes sorts de divination restent sans réponse. Cela ne peut signifier que deux choses: soit que nos amis sont hors de portée, soit que leurs âmes ont rejoint le royaume de Kelemvor pour y être jugées. Voilà plus de deux mois que Nîrden a été téléporté dans les montagnes glacées de Jotunheim et j'ai perdu toute trace de lui depuis maintenant deux semaines. Il paraît légitime de dire que les servants du Seigneur Thrym ont finalement terrassé notre ami. Quant à Katana, son destin est plus incertain. Selon les dires de Frère Talbert, elle était vivante et en passe de s'enfuir du temple de Sekolah lorsqu'elle a été vue pour la dernière fois, mais depuis...

- Je pars ! Lança Gulgan. Je quitte la compagnie et me rend à Eauprofonde.

Sa déclaration fut suivie d'un silence pesant tandis que les aventuriers se lançaient des regards surpris et incrédules.

- Tu peux noter ça dans tes tablettes, baron ! ajouta t-il en pointant du doigt les parchemins.  Moi n'ai plus aucune raison de rester dans cette compagnie. Moi connais bien Eauprofonde, moi y ai des amis et c'est là bas que moi aurais le plus de chance de découvrir ce qu'il est arrivé à ma mie.

Le demi-ogre se leva lourdement et se dirigea vers la porte. Le baron se dressa brusquement:

- Gulgan, je...

- Rien du tout Baron ! contra Gulgan. Moi toujours me taire, moi toujours agir selon ordre. Aujourd'hui, Moi décider seul  !

L'immense guerrier franchit d'un pas décidé le seuil et la porte se referma lourdement derrière lui, plongeant de nouveau la salle dans un silence oppressant. Au bout de quelques secondes, Bolak se racla la gorge :

- Mes amis, Est ce la fin de notre compagnie ? De tous ceux ici présents, je suis celui qui suis le plus redevable envers notre groupe. La mort de Nîrden et le départ de Gulgan sont un coup dur pour nous, mais je pense que nous devons rester unis et reconduire la charte des Ecus de Fortune. Nombreux sont nos adversaires toujours en vie et qui n'attendent qu'un faux pas de notre part pour fondre sur nous.  Tant que cette charte existe, elle signifie à nos adversaires que s'en prendre à l'un de nous, c'est s'en prendre à tous. Voilà, c'est ce que je souhaitais dire.

- Je suis d'accord avec Bolak renchérit Richard. Le départ de Gulgan est plus un coup sévère porté à la puissance de Valcroix qu'à celle de notre compagnie. Ne nous leurrons pas, voilà quelques saisons que Gulgan se consacrait entièrement à la défense de votre fief Astryax. De même Katana, toute vaillante qu'elle soit ne se joignait à nous que par fidélité envers votre personne. Je pleure sa perte , tout comme je pleure la perte de Maître Nîrden qui fut un combattant extraordinaire mais je pense que leur mort ne doit pas conditionner nos propres décisions. La mort fait partie du cycle naturel de la vie, plus encore pour les aventuriers. Et comme l'a fait remarquer Bolak, nos ennemis ourdissent probablement des plans visant à notre perte. Je me rallie donc à la position de Bolak.

Astryax coula un regard en direction de Kalanar. Il le soupçonnait de n'avoir jamais pardonné la mort de sa soeur et de n'être resté dans la compagnie que pour garder un oeil sur les seigneurs cormyriens de la Marche. L'elfe perçut l'attention dont il était l'objet et un mi-sourire ourla ses lèvres.

- Une question Baron ?

- Qu'elle est votre sentiment Kalanar ? La compagnie doit-elle perdurer ?

- Mes sentiments ? Je pense que vous les connaissez Astryax. Quant à l'affaire qui nous préoccupe, il m'est avis que la perte de trois membres de notre groupe affecte plus l'équilibre militaire de la région que la compagnie en elle-même. La présence de Katana, Nîrden et Gulgan sur vos terres vous assurez la préséance sur les autres barons. Aujourd'hui, l'équilibre de la balance est remis en question. Une chose d'importance change cependant pour ce qui est des Ecus de Fortune proprement dit. En effet, votre propre voix lors des votes ne compte plus que pour une et non pour trois. Gulgan et Katana votaient presque systématiquement comme vous,eu égard à leur position de vassal. Mais vous baron, qu'avez vous à dire ? Vous êtes notre leader depuis plusieurs années, vous avez l'oreille de la noblesse cormyrienne, l'amitié des elfes et l'appui des puissants Ménestrels. Vous venez de perdre plus qu'une amie avec la mort de Katana, plus qu'un capitaine avec le départ du puissant Gulgan et je ne parle même pas de la disparition du roi sans couronne... Votre sentiment Baron ?

- Mes sentiments importent peu en la matière, l'ami. Je n'approuve pas les déclarations de Richard. Gulgan, toi, voire, dans une moindre mesure, le rôdeur lui-même êtes tous moins actifs dernièrement au sein de la confrérie. Cela fait-il de vous des membres de "moindre importance"? Dans mon esprit, non. Et je pense que dans celui de nos nombreux adversaires non plus. Gulgan ou Nîrden représentent une puissance que personne ne peut sous-estimer. La Cie est sévèrement touchée par les pertes qu'elle vient de subir.

Pour autant est-elle finie comme se le demande Maître Bolak? Non, assurément. Chaque membre ici présent, ainsi que nos disparus, nous savons pertinemment les risques que nous encourons chaque fois que nous acceptons une mission. Nous ne sommes, séparément, qu'une composante temporaire des Ecus de Fortune. Que se soit par mort violente, lassitude, blessure grave, autres obligations, nous quitterons vraisemblablement tous un jour le groupe. La compagnie, elle, persistera tant qu'au moins un de ces membres le souhaitera. Néanmoins, il va falloir penser, pour qu'elle ne devienne pas une coquille vide de sens, à combler les brèches. Aussi, si comme cela semble s'esquisser, nous votons pour sa reconduction, j'opterai pour une campagne de recrutement d'auxiliaires qui à terme pourraient intégrer le groupe en qualité de membres de plein droit.

S'agissant d'un affaiblissement personnel au sein de notre groupe, cher Kalanar, je vous laisse seul responsable de vos paroles. Les dieux me sont témoins que je n'ai, dans mes choix et ou dans la politique impulsée au sein de la compagnie, jamais fait passer l'intérêt particulier avant l'interêt collectif, et à ce qu'il m'en souviens, l'appui de mes deux amis ne m'a jamais assuré un vote, qui autrement, aurait pu être défavorable à mes souhaits.Je vous rejoins néanmoins lorsque vous affirmer qu'avec la disparition de Katana, j'ai perdu presque une parente. Et je me sens responsable de cette perte. Aussi, je souhaite accompagner Gulgan dans la Cité des Splendeurs afin d'essayer, qui sait, de retrouver une trace de la rôdeuse. J'en fais la demande en temps que membre de la Cie et demande donc son assentiment et son appui par vote. Dans le cas contraire, je m'y rendrai en mon nom  propre et serai donc indisponible le temps de cette ambassade. Qui sait le clergé d'Umberlie pourrait peut-être nous en apprendre plus ? Sans compter sur les l'aide que Gulgan pense trouver sur place. Si Dame Chance me soutient et qu'il m'est loisible de retrouver mon amie, le guerrier réintégrerait surement les Ecus de Fortune avec sa compagne et sa force s'en trouverait partiellement rétablie.

En résumé, je vote pour la reconduction de la charte mais propose de tâcher de recruter de nouvelles forces à même de nous seconder et plus tard de reprendre le flambeau des idéaux pour lesquels nous nous sommes réunis. Je demande, par ailleurs, l'appui logistique de notre groupe pour accompagner Gulgan dans ses recherches et tenter de retrouver la trace de Katana.

Dorothée était pensive, elle avait écouté ses compagnons silencieusement. Puis elle prît la parole à nouveau :

- J'aimerai pouvoir vous dire avec certitude que je me suis trompée dans mes divinations ou qu'ils sont hors de portée de ma magie... mais je ne le puis; même si la probabilité que cela soit le cas est non nulle bien que je le souhaiterais. Mais je pense que nous devons dans un premier temps nous en tenir à ce constat : nos amis Nîrden et Katana ne sont probablement plus vivants, et cela m'attriste tout autant que vous.. Je reste cependant sceptique concernant Katana, car les déclarations de Talbert sont troublantes. Pour cette raison et par amitié pour vous, j'accepte de vous accompagner à Eauprofonde, voir si nous pouvons obtenir des certitudes.

Elle se tourna vers Richard, et poursuivit :

- Nous ne devons pas mélanger les amitiés, la Compagnie, la politique et le destin du monde. Oui, la mort de nos compagnons et le départ de Gulgan, si celui-ci devait être définitif, portent un coup à l'organisation militaire de la région. Le Baron agira, j'en suis sûre, en conséquence. Vous le savez, j'en suis profondément attristée. Mais nous ne devons pas oublier nos devoirs envers les gens de Valcroix, du Cormyr et de tout ce qu'il y a de Bien en ce monde. Nos ennemis sont toujours là, ils ont sans doute chacun des rancunes personnelles contre la Compagnie et ses membres. Mais plus que tout, ils en veulent à toutes les valeurs que nous chérissons.

Oui nous sommes affaiblis, oui nous avons perdu des amis, qui ont donné leur vie pour nous mais aussi et surtout pour une cause juste. Ne pas reconduire la charte, c'est affaiblir Valcroix, le Cormyr et donner du crédit à nos ennemis, au Zentharim, à faire basculer tous ces gens innombrables qui oscillent chaque jour de leur vie entre la difficulté de servir le Bien et la facilité à se laisser aller à leur ego et leurs pulsions en servant des causes maléfiques même malgré eux. Tout le monde n'a pas ta détermination Richard, ou votre loyauté infaillible Kalanar.

Soyez fiers de ce que nous avons accompli, de ce pourquoi nos amis sont morts... la force, la puissance, s'élever au-dessus du commun des mortels est sans doute un fardeau plus qu'un cadeau...sondez votre âme et votre conscience, et vous saurez quelle décision prendre.

Elle se tourna à nouveau vers le Baron, les yeux rougis :

- Je suis pour la reconduction de la charte et le recrutement de nouvelles forces. Je doute que les Dieux nous aient renvoyés sur ce plan pour nous regarder jouer aux osselets en mangeant des côtelettes le restant de nos jours. Allons d'abord à Eauprofonde, voir ce que nous pouvons apprendre; une fois sa colère passée, je suis persuadée que Gulgan comprendra où est sa place, et qu'on n'échappe pas à son destin.

Conclusion.

Dorothée se trompait lourdement: Gulgan refusa catégoriquement l'aide d'un membre de la Compagnie, fut-il le Baron. Il partie pour Eauprofonde avec son fils , accompagnant une caravane du Transmarche. Le demi-ogre allait demander l'aide de la puissante famille Badine avec qui il avait noué des relations par le passé.

Malgré son départ et avant la fête des Moissons, la charte de compagnie était reconduite et dûment enregistrée auprès des autorités royales. L'or découvert dans le temple de Sekolah finança intégralement le projet. Chacun des membres retourna ensuite chez lui afin d'y passer l'hiver et gérer ses propres affaires.

Mais le temps de la paix n'était pas encore venu. A peine quelques jours plus tard, le baron de Valcroix recevait l'ordre de mobiliser le ban et l'arrière-ban de ses vassaux et de se présenter à la tête de son ost dans le village de Trallec. Dorothée Gambacorta, en tant que mage du Cormyr, fut affectée aux troupes d'Honshar qui marchaient, elles-aussi, sur Trallec. Kalanar se joignit à Richard et aux troupes du Baron de Brand qui opérèrent leur jonction avec celles de Valcroix. Un messager royal se présenta aux portes de Kundrukkar porteur d'une convocation pour le Seigneur Bolak Ironfist qui, en tant que membre d'une compagnie d'aventuriers cormyrienne était convoqué par les autorités pour participer à la défense du Royaume.

Le Cormyr entrait en guerre pour sa survie !

 

Sources.

Illustration: Kraken par Richard Sardinha.
Photos: Jaffar.
Figurines: GW, Fenryll, Ral-partha, Grenadier.
Peintres: Jaffar, Claire, Olivier, Antoine.
Décors: Hirst Arts Fantasy Architecture assemblés et peints par Romuald.
Relecture: Olivier Vermaut.

Mise à jour le Lundi, 05 Septembre 2011 11:30